Dans un contexte où la solitude touche de plus en plus de personnes et où la natalité baisse chaque année, le sociologue Julien Damon vient de proposer une idée audacieuse POUR certains ou farfelue pour d'autres: et si l'État, pour relancer la natalité, finançait des abonnements à des sites de rencontres pour les célibataires ?
Cette proposition soulève le rire (jaune) de Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute, qui décrypte la proposition avec Jérôme Pasaneau journaliste à AirZen Radio.
Par Nathalie Giraud Desforges, thérapeute de couple et Corinne Fontaine sexothérapeute
Une proposition de speed dating pour relancer la natalité…
Pour tenter de rebooster la natalité, le sociologue Julien Damon, spécialiste des politiques familiales, propose quelques pistes dans son dernier livre intitulé «Les Batailles de la natalité», paru aux éditions de l’Aube. L’ancien directeur de la recherche à la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CAF) propose 3 pistes qui nous font grincer des dents :
Créer « un grand service public de la rencontre »
Faire financer par les pouvoirs publics – et notamment par la CAF – un abonnement à un site de rencontres pour les personnes célibataires
Organiser des speed dating soutenus financièrement par les pouvoirs public
« Un grand service public de la rencontre »
Mais pourquoi l’état devrait-il s’immiscer dans la vie privée des français ? « Soutenir les
Français à utiliser les sites de rencontre, c’est mettre la lumière sur le symptôme plutôt que de régler la cause » selon Nathalie Giraud Desforges. Or la base de la rencontre, c’est apprendre à se respecter, savoir qui est l’autre, apprendre à se connaître, poser ses limites, apprendre le consentement avant même de se préoccuper d’un site de rencontre.
Pourquoi les Français font-ils moins l'amour en particulier les jeunes, pourquoi se désinvestissent-ils de la rencontre charnelle, émotionnelle et sexuelle ? Là est la vraie question. Et si on s’intéressait plutôt au peu d’engouement des jeunes Français à la rencontre ? À leur manque d’envie, de désir, d’allant vers l’autre ?
Pourquoi les jeunes se planquent-ils derrière leur écran plutôt que de vivre la relation ? Tant Il est vrai que les écrans nous offre une facilité incroyable pour couper toute discussion, goshter l’autre, fuir plutôt que de converser et de s’engager dans une relation. Pour Nathalie Giraud Desforges, c’est là qu’il faut aller regarder.
Quant à l’organisation de speed dating « à l’ancienne » pour ceux que les applications rebutent, s’agit-il de trouver des lieux pour se rencontrer et s’accoupler pour repeupler la France ? Voilà un monde utopique bien sombre que nous propose M. Damon ! Et puis, il faut le dire, cette proposition traite un peu la femme comme un utérus apte à la reproduction de l’espèce, ce qui est particulièrement dérangeant.
Quand l'Etat cherche à relancer la natalité
Certes, la natalité baisse en France, mais moins que celle de nos voisins. Chez nous, culturellement, nous sommes encouragés à avoir plus de 2 enfants au contraire de pays comme la Chine par exemple. La CAF encourage d’ailleurs le 3ème enfant.
Aujourd’hui l’âge du premier enfant est passé de 20 ans à 30-35 ans. Donc la capacité et l’envie à avoir un autre enfant diminue à cet âge. Il faut aussi envisager l’éco-anxiété des jeunes concernant l’écologie, l’économie et l’avenir du monde.
Emmanuel Macron, chef de l’Etat, parle, d'une façon plus que maladroite, de « réarmement démographique » pour lutter contre l’infertilité et a proposé quelques mesures en janvier 2024 qui ne sont pas sans faire penser au livre glaçant de Margareth Atwood décrivant une dystopie d'un monde sombre et malaisant dans « La Servante écarlate ».
Alors quelles solutions pour relancer la natalité ?
Proposer un monde meilleur d’une façon réaliste me semble plus apte à rassurer les couples à faire des enfants. Un monde plus rassurant qui permette de se projeter vers le futur.
Un autre levier tourne autour de l’acceptation que ces conditions ne vont pas être meilleures et se satisfaire de ce qui est et qui est déjà bien. Revoir nos modes de comportement qui, dans ce domaine aussi, sont tournés vers le « toujours plus » et détruisent pernicieusement notre moral.
Pour écouter l'interview de Nathalie Giraud Desforges en podcast, c'est sur AirZen Radio
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