Revu le 10 janvier 2023, publié le 02/02/08
Le terme polyamour renvoie à l’idée d’amours multiples et différentes : multiple dans le sens qu’il peut concerner plusieurs personnes (plus de deux) simultanément, et différent dans le sens qu’il peut prendre plusieurs formes.
Polyamour Kesako ?
Lorsqu’on évoque le terme polyamour, beaucoup pensent immédiatement à la multiplication des partenaires sexuels. C’est peut-être pour cela qu’ils sont choqués. Mais mon livre parle plus d’amour que de sexualité : il essaie de comprendre pourquoi l’amour sentimental représente la seule exception à la dynamique de l’amour en général. Je m’explique : l’amour fraternel, l’amour d’amitié, l’amour filial, l’amour maternel sont tous des amours inclusifs, et non exclusifs. Je peux aimer tous mes enfants sans que l’amour que je porte à l’un nuise aux autres. Au contraire, l’amour s’enrichit à mesure que j’ai plus de personnes à aimer. Paradoxalement, l’amour sentimental, ou conjugal, semble faire exception : il nous faudrait aimer qu’un seul partenaire, et si nous en aimions plusieurs, ce serait forcément au détriment du premier !
L’exclusivité amoureuse n’est-elle pas naturelle ?
Si l’on observe la société actuelle, on est en droit d’en douter. Statistiquement, le taux de divorce avoisine les 50%, ce qui cache une réalité encore plus dramatique : la probabilité qu’un couple qui convole cette année finisse ses jours ensemble ne dépasse pas 30%. Que penser d’un modèle qui n’offre que 3 chances sur 10 de réussite ? Et n’oublions pas qu’une personne sur deux avoue avoir été infidèle au moins une fois dans sa vie. Et sachez encore que plus d’un enfant sur dix est élevé par un homme qui est persuadé d’en être le père biologique alors que ce n’est pas le cas. Dans les faits, la monogamie et la fidélité à vie semblent bien plus une utopie qu’une réalité !
Mais le contrat de mariage exclusif est présent depuis la nuit de temps. Ce n’est quand même pas pour rien ?
On pourrait discuter longtemps de cela. Ce qui est sûr, c’est que cette exclusivité à un prix : comme mon partenaire amoureux est seul garant de mon bien-être, c’est-à-dire de la satisfaction de tous mes besoins affectifs, il devient nécessaire de le contrôler pour éviter que je sois en manque. En d’autres termes, là où il devrait y avoir don, il commence à y avoir devoir (notamment le fameux devoir conjugal) : « Tu dois faire ceci », « Tu ne dois pas faire cela », etc. On est progressivement amené à considérer son partenaire comme sa propriété, ce qui autorise à le priver d’une part substantielle de sa liberté.
Est-il seulement possible de conserver toute sa liberté dans une relation amoureuse ?
Je suggère de bâtir les relations amoureuses sur trois notions clés : le respect, la communication franche, et la non-possessivité. Le respect implique l’acceptation sans réserve de ce qu’est l’autre. Mais attention, cela ne signifie pas encore que je doive accepter tout ce qu’il fait. Ainsi, je suis un farouche partisan de la tolérance zéro vis-à-vis de toute forme de violence, quelle qu’elle soit ! Ni dévalorisation, ni menace, ni insulte, ni coups, en aucun cas ! La communication franche implique quant à elle de partager ce que je vis avec mon partenaire. C’est le terreau indispensable à la croissance de la confiance mutuelle. Si je cache des informations importantes, fût-ce pour ne pas le blesser, n’ai-je pas déjà trahi sa confiance ? De quel droit ai-je décidé à sa place ce qu’il peut entendre et ce qui lui fera trop mal ? On revient à la notion fondamentale de respect. Enfin, la non-possessivité renvoie à l’idée que je ne peux pas posséder quelqu’un d’autre et qu’il conserve à jamais toute sa liberté. Dès lors, je perçois chaque moment qu’il accepte de passer avec moi comme un don, j’en éprouve une profonde gratitude. Ce n’est pas un dû. On retrouve ici les deux fondements de l’amour véritable : le don inconditionnel et la gratitude.
Et la jalousie ?
Bien sûr, la non-possessivité et la non-exclusivité amoureuses sont mises à mal par les sentiments de jalousie. D’ailleurs de nombreuses personnes pensent encore que la jalousie est une preuve d’amour. Je suis personnellement persuadé du contraire. La jalousie nuit à l’amour, elle ne le magnifie pas ! Et la jalousie, comme la colère ou la déprime, peut se travailler : nous avons la possibilité de dépasser ces sentiments pénibles plutôt que d’en rester l’esclave…
Vertus du polyamour, un livre d’Yves-Alexandre Thalmann La magie des amours multiples (Broché, 2006) , 14,50 euros
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