Article publié le 20/04/2019 et mis à jour le 19/02/2023
La transmission implicite ou explicite sur la sexualité se vit souvent dans des petits moments de bonheur de confiance et de rire partagés. Un grand merci à Mr P pour cette conversation en confidences sur l’intime entre sa mère, de plus de 80 ans et lui qui m’a touché !
Confidences sur l’intime
Bonjour Nathalie,
Je voulais partager une petite confidence avec toi à la suite de conversation que j’ai eue avec ma mère, dimanche dernier.
Avant notre échange, il se passe deux événements, qui je pense, vont pouvoir enclencher cette conversation.
Tout d’abord je parle avec ma mère et ma fille, de la représentation du Cabaret Décadent à laquelle je venais d’assister, et dont j’avais entendu beaucoup de bien, ici et là.
Où il est question du spectacle Cabaret Décadent, de la forniphilie, du clitoris et sexualité ludique
Spectacle cirque déjanté du Cabaret Décadent
Cabaret Décadent, le cirque érotico punk comme le nomme la journaliste de Paris Derrière !
Je parle de cette liberté totale dans les rôles joués par les personnages vis-à-vis de l’assignation sociale qui leur est faite par leur genre, sans insister sur la pratique masochiste, mais en parlant de forniphilie.
Forniphilie : une définition
Ainsi défini par Wikipedia : “L’objectification (forniphilie ou meuble humain) est une forme de bondage, et d’objectification sexuelle durant laquelle le corps d’un sujet est considéré en tant qu’objet : machine, lustre, chaise, table, toilettes, etc. Le sujet est physiquement restreint. Il est souvent bâillonné et/ou placé dans une position qui nécessite une surveillance particulière. “
L’évocation de ce spectacle hors les normes provoque des questions et un intérêt sans jugement de la part de ma fille et de ma mère.
De l’intérêt des émissions culturelles sur la transmission !
Plus tard dans la journée nous regardons tous les deux, ma mère et moi, une émission très enrichissante sur la prévention du VIH, la représentation du clitoris entre autre et l’intégration de ces gestes dans les pratiques sexuelles.
L’émission, c’est “L’œil et la main”, je la conseille. J’ai appris des choses intéressantes.
Quand le clitoris libère la parole transgénérationnelle
J’en viens donc à cette conversation du dimanche matin.
Nous reparlons de l’émission vue la veille et de l’inexactitude de la représentation du clitoris dans les manuels scolaires pendant si longtemps.
A la grande colère de ma mère quand nous avons parlé de la raison de cette omission, l'organe n'ayant d'autres raisons que le plaisir, sans fonction reproductive, il avait été omis pendant toutes ces années...
Nous avons aussi parlé :
- Du fait que le désir ne disparaît pas avec l’âge. (Voir l’article de Nathalie, quand vieillir ne tue pas le sexe)
- Du fait qu'elle a toujours vécu ces activités comme profondément ludiques et très libérées.
- Du fait que son parcours de vie avec mon père a été particulièrement joyeux, inventif et renouvelé de ce côté-là en me parlant à demi-mot des composantes de jeux érotiques qu’ils avaient développés entre eux.
Il y a eu beaucoup de sourires, de regards complices, de silences légers, de hochements de tête.
Performance et surprises qui tombent à l'eau
Des sourires aussi quand elle m’a parlé des tentatives de surprise de l’autre qui avaient tourné court. Quand un certain déguisement avait par exemple supprimé toute excitation chez son partenaire.
Elle en riait encore, en me disant qu’elle, elle s’était beaucoup amusée à se déguiser de cette façon.
Elle a parlé également de la pression qui pèse sur les hommes, avec cette obligation implicite de performance (et d’érection) qui est dans l’air ambiant.
Nous avons beaucoup échangé sur ce sujet, lorsque j’ai pu partager avec ma mère qu’en tant qu’homme, je vis ceci de façon un peu atténuée (pas mieux que ça, l’injonction collective est très efficace ☹️) en continuant la fête avec ma partenaire si ça m’arrive de fléchir (enfin mon sexe, pas moi !), avec mes mains et ma bouche (et le désir que j’ai dans la tête).
La sexualité est ludique par nature
Tout ça pour te dire que c’est la première fois que nous avions une conversation sur ce sujet, mais que j’ai dû être marqué depuis mon enfance par l’ouverture sur ces sujets.
Retrouver cette similitude de pensée avec mes parents par la voix de ma mère, sur le fait que la sexualité est ludique par nature, a été très précieux.
Je me suis permis de t’envoyer ce message, Nathalie, car il entre en résonance avec des conversations que nous avons eues, des articles que tu as publiés.
En quelque sorte, je partage ici ce moment de partage “père, fille, grand-mère”. J’espère qu’il aura des échos avec les lecteurs et les lectrice de ton blog si riche …
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