Article publié le 31/01/2017, mis à jour le 16/01/2023
Il faut parfois des années pour oser le libertinage dans le couple en toute connaissance de cause. Cela nécessite un vrai travail sur le rapport à l’autre, sur la possibilité de dissocier le cœur et le corps, la fidélité et la sexualité. Mais cette sulfureuse épice de l’amour peut être un apprentissage de la sensualité, une découverte de sensations nouvelles. Et même devenir un vrai ciment pour certain couple.
Libertinage versus fidélité. Ou pas !
Posons d’abord la question qui souvent initie ou conclut toute discussion à propos du libertinage : le libertin est-il un infidèle ???
Pour les uns, la réponse ne fait aucun doute : oui, bien sûr ! Mais non, voyons, proteste l’autre ! Et si c’était plutôt : ça dépend…
Vous pensez que je ménage, comment dire… la chèvre et le choux… ?
Eh bien non. Il suffit de sonder le cœur et les reins de ce mot sulfureux pour comprendre.
Depuis toujours, le libertinage porte dans son étymologie la notion de liberté.
À l’époque romaine, le libertinus est un esclave affranchi par son propriétaire. Au XVIIe siècle, c’est un homme, une femme libéré(e) des contraintes religieuses.
En 2016 ? C’est un état d’esprit. Vécu en couple, c’est le refus des conventions sociales qui associent fidélité et sexualité jointe à l’envie de faire ensemble des découvertes sexuelles. Etre libertin, c’est donc prendre sa moitié par la main pour lui montrer le chemin d’un canapé partagé. Et parce qu’il ne cherche pas la rencontre en catimini, le véritable libertin ne joue pas sur les terres de l’infidèle !
Libertinage dans le couple : une envie à deux
Au-delà d’une clarification par rapport à la fidélité, ce préalable dit autre chose : se rendre dans un club libertin doit précisément être une envie du couple. Et ce désir ne surgit pas sur un claquement de doigt. Chacun doit se sentir prêt.
Souvent, d’ailleurs, la première étape passe par le fantasme de l’un des deux partenaires s’imaginant faire l’amour devant un ou plusieurs inconnu(e)s. Purement fantasmatique, ce désir peut être scénarisé pour augmenter l’excitation mutuelle.
Un concours de circonstances ou l’envie de lâcher prise, lors de vacances par exemple, incitent parfois à passer à l’acte. Le club libertin offre alors l’espace sécurisant où le fantasme peut rencontrer la réalité.
Un espace de plus en plus facile à trouver : portés par l’avènement de blogs thématiques, les clubs libertins ont en effet fleuri comme les pâquerettes au printemps. Et ils sont de plus en plus fréquentés grâce à une connotation moins sexuelle que les clubs échangistes dits « swingers », qui affichent clairement leur objectif.
Il faut dire qu’ici « tout est possible, rien n’est obligatoire ». On vient autant pour voir que pour être vu(e)s mais pas forcément touché(e)s. Pour certaines personnes, ce sont des lieux d’apprentissage de la sexualité. Pour d’autres, cela peut constituer un véritable ciment du couple. Un sauvetage inattendu, à l’image de ce qui s’est passé pour ceux que nous appellerons Valérie et Julien que j’ai reçus dans mon cabinet de sexothérapie l’année dernière.
Un remède à la lassitude
Enfermée dans ses habitudes, ayant mis son couple de côté, Valérie ne faisait plus attention aux sollicitations de son mari désireux de sortir de leur routine. L’infidélité de Julien a agi comme un détonateur. Pour Valérie, au cours de la thérapie de couple, il est soudain apparu qu’elle s’était coupée de sa vie de femme.
Sur l’insistance de son mari, elle a accepté d’aller dans un club libertin. Cette découverte a été libératrice. Elle a compris qu’un corps n’a pas besoin d’être parfait pour être vu, qu’une femme peut montrer son désir en public. Et elle a découvert les codes de la sensualité. Comme pour d’autres femmes avant elle, Valérie a également appris qu’elle plaisait.
D’abord simples « voyeurs », tous deux ont doucement fait évoluer leur rôle et la sensualité de Valérie s’est libérée.
Le désastreux effet Coolidge et ses conséquences
Le libertinage dans le couple serait-il un remède à l’effet Coolidge ? Un effet désastreux suivant lequel le désir sexuel masculin s’émousse quand il y a accoutumance, et n’est relancé que par l’introduction de la nouveauté qui augmente la production de dopamine.
Pour ne pas obtenir l’effet inverse, le dégoût vis-à-vis de son partenaire et/ou de soi, il est nécessaire d’établir une intense communication avant, pendant (via des regards, par exemple), après. Ainsi, pour Valérie et Julien, si leur couple est aujourd’hui plus fort, c’est qu’il était déjà solide. Mais ils sont également entrés et sortis du club libertin main dans la main. Et ont communiqué sans relâche dès les premiers instants.
Chacun avait aussi précisé ses intentions. Ensemble, ils avaient défini le cadre (j’accepte de te voir faire l’amour avec un(e) autre, je refuse qu’il y ait pénétration, etc.) et élaboré des règles de repli dans l’hypothèse où l’un des deux souhaiterait partir.
Poser ses limites : savoir ce que l’on est prêt à faire
Car le libertinage est un mot fourre…-tout qui a ses pratiques codifiées et un vocabulaire qu’il est important de connaître. Sous les draps, chacun pose des limites qui sont parfois infranchissables.
Mélangisme
Pour les uns, il ne sera question que de mélangisme, soit la possibilité pour les deux membres du couple d’échanger leur partenaire avec un autre couple. Tous les jeux érotiques étant permis sans qu’il y ait pénétration, autant pour l’homme que pour la femme.
Echangisme
D’autres seront échangistes, pratique qui se traduit par l’échange de partenaires sexuels entre couples, en autorisant tous les jeux sexuels y compris la pénétration.
Côte-à-côtisme
D’autres, encore, pratiqueront le côte-à-côtisme qui consiste à faire l’amour à côté d’un autre couple mais séparément. On parle aussi parfois de « faire l’amour à la belge » !
Candaulisme
Une 4e catégorie de couples préfèrera le candaulisme qui permet à l’homme ou la femme de regarder sa/son partenaire faire l’amour à d’autres hommes/femmes tout en y prenant plaisir.
Enfin, certains couples préfèreront le triolisme, et auront des relations sexuelles à trois, qu’il s’agisse de deux hommes plus une femme ou de deux femmes et un homme.
Une envie de libertinage qui prend son temps
Car l’envie peut prendre 10 ans avant de s’imposer, avant que l’on sache décoder certains signes passés inaperçus jusque-là. On sait alors que l’on est prêt à pousser la porte d’un club libertin voire échangiste. Précision qui n’est pas seulement sémantique car elle tient aussi à une différence d’état d’esprit.
Libertinage dans le couple : jeu sans enjeu mais consentement mutuel
Le libertinage peut être considéré comme un moment de jeu sans enjeu, se pratiquant en dehors de la sphère de la chambre à coucher du couple et pour lequel le consentement mutuel est la règle. Quand certains hommes se targuent de pouvoir « mettre la main à la chatte » à volonté, ou forcer une femme à la sodomie, ce n’est plus du libertinage, non. Cela s’appelle de l’abus sexuel ou du viol.
A contrario, le libertinage s’entoure de respect. Raison pour laquelle les boîtes libertines ont acquis la réputation d’être des havres de paix, notamment pour les jeunes femmes qui peuvent s’y rendre sans risquer d’être importunées par des lourdingues accrocs au sexe. En effet, le libertinage n’est PAS une addiction même si la confusion reste attaché à la culotte comme au slip du libertin. L’addict, en état de manque permanent, subit sa sexualité. Enfermé et contrôlé par celle-ci, il est prisonnier de ses pulsions, a peu de désir, ne connaît qu’un plaisir relatif. Pas le libertin.
Le manque d’information et les préjugés ont la vie dure
Difficile d’admettre que cette personne ouverte d’esprit témoignant d’un intérêt assumé pour le sexe, est seulement un jouisseur, un(e) hédoniste dont le champ sensuel et érotique reste disponible pour la découverte - lire le témoignage d'un libertin mode d'emploi. Une découverte qui se révèle beaucoup plus simple aujourd’hui, avec des sites de rencontres, des magazines comme Union ou Wyylde pour informer sur cette pratique et favoriser les rencontres.
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