Article publié le 07/07/2016 et mis à jour le 26/02/2023
Il y eut un temps où le cinéma porno fut un « vrai cinéma », libertaire, qui voulait faire exploser les carcans et les conventions. Qui mettait en scène un sexe joyeux et libérateur. Qui voulait dédiaboliser la sexualité rien qu’en la montrant, avec même un fond de critique sociale et politique. Quelques rares réalisatrices du XXIe siècle comme Ovidie en France et Erika Lust en Espagne ont renoué avec ce temps-là !
Le sexe joyeux et sans tabou du cinéma porno des années 70
Grâce à France Culture et à Pink Pepper, j’ai redécouvert sans les images mais avec plaisir cet âge d’or du porno Blue One – avec Brigitte Lahaie en star du X – qui courut de 1975 à 1982.
Des DVD qui agrémentent ma cinémathèque érotique…
L’oreille lascive, j’ai donc plongé dans cette belle histoire racontée par les journalistes Hubert Prolongeau et Guillaume Baldy, auteurs de cet allègre documentaire sonore diffusé dans l’émission « Sur les docks » du 6 mars 2016 !
Pourquoi les « films pour adultes » attirent encore au royaume du porno fait maison ?
Pour lui, si « Le Beverley » est toujours ouvert, il le doit à sa clientèle de cinéphiles et aux jeunes qui veulent découvrir ce qu’est une femme avec une poitrine pas refaite. Avec un beau cul, comme ceux des stars de l’époque, Brigitte Lahaie, Marylin Jess… Il le doit à une clientèle qui vient voir de véritables films dotés d’un scénario, de décors, d’éclairages, d’artistes qui jouent la comédie. Loin de ces nouveaux standards du porno qui ne misent que sur le rapide passage à l’acte.
Les habitués du cinéma porno Le Beverley
Ces spectateurs, essentiellement masculins, ont noué au fil des ans de vrais liens d’amitié.
Habitués (60 % de sa clientèle), ils se donnent rendez-vous avant la séance pour aller ensemble au restaurant.
L’un d’eux, qui vient ici 1 à 2 fois par semaine depuis 15 ans, connaît presque tous ces films anciens, qui racontent une histoire et dont la couleur l’émeut. Le numérique, ajoute ce nostalgique, c’est brillant, ça masque le sujet.
Et puis il aime l’ambiance, la convivialité, ces réactions partagées.
La nostalgie qui s’exprime chez les habitués du « Beverley» c’est celle de l’âge d’or du cinéma porno qui dura de 1975 à 1982.
En aparté, la rubrique des DVD érotiques chez Piment Rose
C’est pour cette raison qu'en 2014, Nathalie me confia qu'elle a décidé d’ajouter à une rubrique de DVD érotiques, du beau porno réalisé pour les couples, pour les femmes. Des films tournés par Erika Lust, avec de vrais scénarios et des acteurs sans silicone…
(Avec l'arrivée de la VOD, nous n'avons plus de DVD à la vente mais la recommandation est toujours d'actualité ! )
En révisant l'article, j'ai appris que depuis février 2019, le dernier cinéma X de Paris a fermé ses portes. Claude Forrest en a fait un livre "Cinema Beverley"!
Les films porno qui en ont dans le pantalon
Moins de 10 ans durant lesquels des cinéastes désireux de faire du cinéma vont tourner quelques films aux budgets relativement conséquents. Avec des scénarios qui tentent alors d’aller au-delà de l’alignement des scènes de sexe.
Film "Le sexe qui parle"
C’est à cette époque qu’est tourné « Le sexe qui parle » de Frédéric Lansac, l’histoire d’une femme dont le vagin se met soudain à parler la plongeant dans des situations aussi libératrices que gênantes. Rien moins que l’adaptation des « Bijoux indiscrets », le roman de Diderot !
Film "Gorge profonde"
Mais au succès bien en-deçà du planétaire « Gorge profonde » dans lequel l’actrice a son clitoris au fond de la gorge…
Cette courte vague ne révéla aucun Fellini de la galipette, aucun Bergman de la partouze, constatent Prolongeau et Baldy. Mais elle accompagna comme une brise légère le grand vent libertaire qui souffla dans les années 70.
Rejet de la morale, attaque des institutions, carpe diem à donf avec ses ‘il est interdit d’interdire’ firent le lit de beaucoup de ces œuvres.
Cela aura été un vrai cinéma de genre.
Des soirées libertines aux tournages de films porno
Richard Allan, comédien, se souvient de son arrivée dans le porno. Comment, en fréquentant des soirées libertines, il a été « casté ». Avec cocasserie, il raconte ses premiers films, son tout premier tournage où il lui est impossible de bander. Il découvre alors que c’est un vrai métier qui requiert endurance et concentration. Il se remémore son rôle de « dépanneur » quand il arrivait en urgence sur des tournages où le comédien principal était en rade !
A suivre…
Pour prolonger votre lecture, je vous invite à lire mes précédents posts avec ceux de Blue Pepper sur le porno :
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