Une interview pour se réconcilier avec ses lunes, autour du tabou des règles, menstrues, ragnagna, douloureuses etc. Merci à Marine Jacquet et Barbara Pucheu, deux jeunes journalistes étudiantes, qui m’ont permis de reproduire leur texte pour mon blog.
Briser le tabou des règles
Alors que l’idée d’une femme lunatique, dont les menstruations seraient soumises aux cycles lunaires demeure encore de nos jours, Nathalie Giraud Desforges, sexo-thérapeute et fondatrice de Piment Rose s’évertue depuis plusieurs années à briser le tabou autour de la sexualité et notamment, des règles.
Vous êtes sexo-thérapeute et thérapeute de couple, pourquoi avoir créé Piment Rose ?
Dans le cadre de mon travail, j’accompagne des personnes, en individuel ou en couple dans un chemin de transformation. C’est avec douceur, bienveillance et parfois dans la douleur ou l’inconfort que cet épanouissement prend forme chez les personnes que j’accompagne.
L’idée de Piment Rose est née dans mon esprit en 2002, alors que je regardais la série Sex & the City entourée d’amies expatriées en Angleterre. Ce support fut le déclencheur de conversations ayant attrait à la sexualité, au plaisir et aux jouets sexuels en particulier le fameux vibromasseur Rabbit.
Très vite, j’ai souhaité amener le concept des accessoires érotiques en France, dans le cadre de réunions sextoys. Ce qui marchait très bien en Angleterre mais qu’il semblait à ce moment là difficile à mettre en place en France.
Début 2003, nait Piment Rose. Il s’agit d’un lieu d’échange, de partage, d’information qui permet de « détabouïser » tout ce qui a attrait à la sexualité. Pour moi, l’information n’est pas tabou, c’est plutôt ce que l’on en fait qui l’est.
Quel a été l’accueil réservé à vos réunions et ces discussions ouvertes sur la sexualité ?
Les participants étaient généralement gênés. En particulier les hommes. Dans mes réunions, je parlais du clitoris et de sa forme, déjà en 2006. Les hommes avaient tendance à cacher cette gêne dans l’alcool pour se sentir plus à l’aise. J’ai vite pris conscience qu’il serait plus simple de réserver dans un premier temps ces discussions à des groupes féminins.
Soirée Atelier Sextoys Piment Rose
Quelques années plus tard, les hommes ont commencé à être plus éduqués à ce sujet. Ils ont également été demandeurs de l’information ! Les réunions ont rapidement pu se réouvrir aux hommes et aux couples.
Quand j’ai commencé il y a 16 ans, sextoys et godmichets n’existaient que dans les sex-shops et n’étaient associés qu’à des images « de gros dégueulasses ». On ne parlait de rien, ni de masturbation féminine, d’éjaculation féminine, ni même de plaisir prostatique.
Mon travail m’a permis de lutter contre les tabous en informant à propos de tous ces sujets.
Les tabous autour de la sexualité sont nombreux
Que pensez-vous du tabou entourant les règles ?
L’ignorance, c’est par exemple l’idée que le sang fait mal ou est impur. Lorsqu’une femme a ses règles, l’homme pouvait penser qu’une relation sexuelle avec une femme en période de menstruation risquait de lui faire mal au pénis.
Cette idée d’impureté liée aux règles serait-elle plutôt culturelle, religieuse, misogyne ?
Et au contraire, certaines clientes m’ont raconté avoir reçu une claque le premier jour de leur règles. Leur mère leur expliquait alors avoir vécu la même chose et le reproduire. On peut considérer alors qu’il s’agit d’une tradition d’ordre culturel.
L’idée d’une femme influencée par la lune, lunatique par le fait de ce cycle menstruel lié au cycle lunaire est elle réelle ou une sorte de cliché ?
À une époque, les femmes pouvaient être réglées sur la lune. Par exemple, les femmes d’un même groupe se règlent souvent ensemble.
Ces pensées viennent en général d’une grande ignorance concernant le vagin. Je m’efforce de donner toutes les informations possibles à ces sujets car la connaissance, c’est le pouvoir.
Quels sont selon vous les combats à prioriser pour faire tomber les tabous autour des règles ?
Il s’agit d’un combat qui se fait de plusieurs manières.
L’éducation au respect, à l’appropriation de son corps, au consentement et aux limites. Les femmes doivent apprendre à dire non. Aujourd’hui encore on leur apprend à être gentilles, à être belles et serviables. Elles peuvent être tout ça mais dire non et assumer et aimer leur corps tel qu’il est.
Cela doit passer par tous les moyens possibles inclus les stages Tantra Femmes que je propose.
Co-écrit par Barbara Pucheu et Marine Jacquet
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