Publié en janvier 2006, mon billet sur l’histoire des sextoys, du godemichet au vibromasseur en général a déjà été lu plusieurs milliers de fois … Le revoilà en tête de gondole pour ceux qui l’aurait raté 🙂
L’histoire des sextoys en quelques millénaires !
Les godemichés ou ‘olisbos’, objet phallique représentant un membre viril, vulgairement appelé « gode » remontent à l’Antiquité et plus tôt ! Les archéologues en ont retrouvé des exemplaires depuis la préhistoire.
Electromécanisés au XIXe siècle, condamnés en France dans les années 70 pour outrage au bonne mœurs, utilisés comme un outil scientifique aux USA en 1968 dans l’enquête de Masters & Johnsons (les réactions sexuelles), ils deviennent finalement objets de mode, « sex toys » ou jouets sexuels, objets coquins ludiques et enfin support de fantasme.
I. Avant JC : culte phallique, un objet de réjouissance
Les toutes premières traces de production et d’usage des manuels datent de 3000 ans avant notre ère en Grèce et Asie Mineure. Les ‘olisbos’ tels qu’on les appelait alors, étaient des présents laissés par les marins ou les guerriers à leurs femmes afin qu’elles puissent se satisfaire – mais aussi leur rester fidèle ! – en leur absence. Ces phallus taillés dans le bois (ébène) ou pierre (jade) se présentaient souvent comme des statuettes dédiées à telle ou telle divinité (Frédéric Ploton, Sexologue).
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Olisbos dans la Grèce Antique
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Godemiché taillé dans la pierre
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II Epoque Victorienne : un objet médicalisé
Ce sont les médecins du XIXe siècle qui, pour soigner les femmes de leur hystérie (perçue depuis l’Antiquité comme la conséquence d’insatisfactions d’origine sexuelle – du mot grec utérus), névrose ou mal-être général, ont conseillé de les stimuler par un massage de la vulve, jusqu’au paroxysme, une sorte de thérapie par l’orgasme. Pratique acceptée et médicalisée, puisqu’il était bien entendu reconnu que les femmes ne pouvait éprouver de plaisir ‘clitoridien’ et qu’il ne pouvait y avoir qu’un type d’orgasme celui ‘vaginal’ intervenant lors de la pénétration par un homme (Merci Dr Freud !)
C’est ainsi qu’en 1883, un Britannique, le Dr Joseph Mortimer Granville invente un vibromasseur électromécanique pour faciliter l’orgasme médicalisé et par conséquent améliorer le rendement !
Toute une collection de vibromasseurs à fil et sous secteur seront exposés à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1900.
III De 1915 à 1960 : un objet essentiellement tabou
Avec l’avènement de l’industrie cinématographique au début du siècle dernier, ces appareils vont quitter le cabinet médical pour être utilisé dans les films pornographiques – le premier porno, ‘A free ride’ date de 1915. Relégués aux domaines des maisons closes et des sex-shops, c’est à ce moment là qu’ils acquièrent cette réputation sulphureuse et dérangeante. Les mots ‘godemiché’ et ‘vibromasseur’ vont être entachés d’une étiquette d’interdit et de sordide.
IV De nos jours : l’histoire des sextoys redevient coquine
Utilisés plus ou moins libéralement par les femmes – en Europe du sud, l’objet a moins de succès que dans les pays du nord et les Etats-Unis, où les féministes l’ont chargé d’assurer l’indépendance de la femme vis-à-vis de l’homme -, le sextoy comme objet d’émancipation et de découverte dont les formes ne sont pas seulement celle du pénis, gagne du terrain. Du Sextoys Designer au Rouge à lèvre vibrant en passant par la Fleur, en métal, bois, plastique, silicone ou plexiglass, ils se déclinent à l’infini !
Des sex-shops chics renommés “Love store” pour clientèle essentiellement féminine à des sites Internet adaptés à leur demande, en passant par des réunions sexy, l’acte d’achat lié à l’objet coquin se déculpabilise.
Je terminerai en citant A.T., Sexologue « Les femmes reconnues dans leur attente, déculpabilisées d’un plaisir confiné, contenu, peuvent franchir un nouveau pas dans l’expression de leur plaisir et de leur jouissance… Objet de liberté, il peut être à l’origine de plusieurs jeux… C’est l’outil d’un plaisir qui se consomme quand on le veut, où on le veut et avec qui on le veut. Une liberté propice à l’autonomisation du plaisir. Objet support de fantasme…, posséder un olisbos, c’est comme posséder un stylo : avec lui on peut écrire toutes les histoires du plaisir, imaginer les fantasmes des plus simples aux plus fous. Il est là pour libérer la créativité, la décupler… »
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