J'ai été invitée le 8 mars dernier, par l'Institut Français de Grèce (IFG) à Athènes, pour une journée de mobilisation pour les droits des femmes, dont l'objectif était d'interroger la société grecque sur ses représentations de la femme, de la famille et du couple.
Je suis intervenue dans le cadre de plusieurs séquences qui se sont conclues par deux interventions, aux élèves de 3ème et 4ème au Lycée Franco Hellénique d'Athènes, qui étaient axées sur l'éducation à la sexualité, au consentement et une sensibilisation aux dangers de la pornographie.
Il s'agit de ma deuxième intervention à l'IFG (ma newsletter de juillet 2022) qui poursuit la démarche d'apporter des clés de compréhension autour des questions homme/femme, dans une société grecque marquée par un modèle patriarcal puissant. Dans un pays où l'église continue de jouer un rôle important, et dont le modèle familial est essentiellement traditionnel - avec une répartition très inégale de la charge de la famille, des enfants, des soins aux plus âgés - les femmes continuent de porter des charges mentales et émotionnelles épuisantes.
La société grecque, un contexte social qui pénalise les femmes
Qu'elle a été ma grande surprise d'apprendre que le taux d'emploi des femmes grecques (20 à 64 ans) était de 51%, ce qui reste, de très loin, le plus mauvais classement de l'Union Européenne (en moyenne : 67%). Ajouter à cela, le viol conjugal qui n'est toujours pas légiféré comme un viol, le "féminicide" qui n'existe pas juridiquement alors qu'il a explosé de 187% en 2022, le harcèlement sexuel qui n'est régit par aucune règlementation spécifique (donc il n'existe pas), il y a de quoi donner l'envie de se mobiliser pour la Journée de lutte internationale des droits de la femme ...
Dans ce contexte, il n'est donc pas étonnant que le mouvement de #MeToo n'ait été qu'un feu de paille, un pétard mouillé ...
Modèle patriarcal et voix des femmes
Loin des journées où l'on loue l'éternel féminin, la Journée du 8 mars 2023 est une journée de sensibilisation et de mobilisation autour du droit des femmes. Dans un univers qui reste marqué par la présence du modèle patriarcal, Nadia Sartawi, attachée culturelle auprès de l'Ambassade de France en Grèce, accompagnée de son équipe, s'est interrogée sur la manière de donner la parole aux femmes et faire en sorte que leurs voix soient entendues dans le couple, dans la famille, au sein du monde du travail et plus largement dans le cadre des relations sociales.
Une affiche militante et engagée avec des thèmes tout aussi engagés pour cette journée.
C'est avec l'appui de l'Institut Français de Grèce que ces 8 et 9 mars se sont déroulés.
Le féminisme n'est pas un gros mot
Pour ma part, le féminisme n'est pas une lutte menée contre les hommes mais bien au contraire une mise en lumière de nos conditionnements sociaux et des structures qui permettent à la domination masculine de se perpétuer. C'est une aventure collective, qui concerne autant les hommes que les femmes.
Le mythe de la virilité
Dans ma pratique et les stages que je propose, hommes et femmes sont étroitement associés !
Nul besoin de nous opposer les uns aux autres car nous sommes toutes et tous piégés par ce mythe de la virilité si bien décrit par Olivia GAZALÉ. En revanche, avancer ensemble, comprendre et chercher des solutions pour une vie intime harmonieuse et respectueuse de chacun voilà mon positionnement.
Ma masterclass sur les relations toxiques et les enjeux de pouvoir
J'ai ainsi animé une masterclass sur le thème de « Bye bye les relations toxiques » qui abordait les enjeux de pouvoir et de domination, de manipulation, d'emprise ou de jalousie au sein du couple ou en famille, au travail. Avec un focus sur le "Triangle de Karpman" et la relation entre la victime, le persécuteur / bourreau et le sauveteur, les techniques de manipulation comme le "Gaslighting" et les solutions pour se sortir des jeux de pouvoir et de l'emprise.
La vidéo sur les relations toxiques est cliquable ci-dessous.
Table ronde sur la tyrannie de la beauté
Cette masterclass a été suivie d'un débat avec Jean-François AMADIEU, sociologue spécialiste des relations sociales au travail sur "La profondeur du superficiel ou la tyrannie de la beauté".
Modéré par Nicolas Eybalin, le directeur de l'Institut Français de Grèce, nous y avons parlé de la tyrannie de l’esthétique, les critères de beauté, du modèle incroyablement brutal de la femme jeune, grande, blanche, mince, modèle dominant dans les secteurs de la mode, de la publicité et sur les réseaux sociaux.
Ainsi que de la nécessité d'éduquer à la diversité dans tous les domaines y compris dans celui de l'intimité !
Projection du reportage drôlissime et éclairant du collectif Sista x Mirova
La projection de l'excellentissime reportage du collectif Sista x Mirova, produite par Malmö Productions (que je vous recommande à 200%) a mis beaucoup de rire et de joie lors de ce colloque. Partant de la constatation que les femmes entrepreneurs ne sont jamais interrogées avec les même questions que les hommes, cette vidéo montre plusieurs hommes d'affaires interrogés avec les questions d'ordinaire réservées aux femmes. À VOIR ABSOLUMENT !
Table ronde autour des Maltraitances médicales : l’héritage encore vivace d’une médecine patriarcale
Nous avons ensuite repris les discussions autour des « Maltraitances médicales : l’héritage encore vivace d’une médecine patriarcale » avec Maud LE REST, journaliste spécialisée dans les droits des femmes et Christina GALANOPOULOU, rédactrice en chef de ampa.lifo.gr. Discussion sur un aspect souvent méconnu des discriminations subies par les femmes.
Projection du film Papicha
Une projection du film PAPICHA, de Mounia Meddour (105’-2019 -France) Avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda a clôturé cette belle journée.
Education à la sexualité, au consentement et aux dangers de la pornographie au Lycée Franco Hellénique d'Athènes
J'étais aussi invitée à intervenir au Lycée Franco-Hellénique Eugène Delacroix pour des interventions au sein des classes de 3ème et 4ème sur une sensibilisation aux dangers du porno, une éducation à la sexualité et au consentement.
Quizz, méditation avec un grain de raisin, Balance ton Quoi d'Angèle, alternatives au porno étaient au programme...
J'étais aussi invitée à intervenir au Lycée Franco-Hellénique Eugène Delacroix pour des interventions au sein des classes de 3ème et 4ème sur une sensibilisation aux dangers du porno, une éducation à la sexualité et au consentement.
Quizz, méditation avec un grain de raisin, Balance ton Quoi d'Angèle, alternatives au porno étaient au programme...
Accueil chaleureux du proviseur, des professeurs ainsi que des élèves !
Ils m'ont surpris par leur maturité, la pertinence des questions posées ainsi que la qualité de leur écoute.
Important aussi de pouvoir répondre à l'interrogation d'un élève sur l'histoire d'une fillette de 4 ans "qui avait fait du sexe" et avait eu un bébé à l'âge de 5 ans. Et leur dire à tous qu'elle n'avait PAS fait de sexe mais que cette petite fille avait été violée, qu'elle avait été victime d'un viol, d'un inceste. Oui, remettre les mots justes...
Je reste encore touchée par les applaudissements recueillis à l'issue de la séance de quasi 2h avec les élèves de 4ème.
Mon interview pour le site Propaganda !
Un bel espace d'expression pour cette interview réalisée par Ioanna Kleftogianni pour le e-zine grec "Propaganda" où je m'exprime sur l'éducation à la sexualité, les jeunes et le porno et bien sûr l'éducation au respect et au consentement dès l'école.
Un extrait de l'interview après être passé par Google Trad.
La célèbre sexologue française Natalie Giraud Deforges a expliqué à Ioanna Kleftoyannis ce qu'est le "bon" porno, et combien il est important pour les jeunes de pouvoir nommer leurs parties intimes et dire "non".
J'y ai aussi proposé quelques pistes alternatives avec les films d'Erika Lust, réalisatrice de porno féministe et Climax.how pour une éducation sans détour au plaisir féminin et masculin (maintenant) et à la sexualité.
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Mes espérances pour le futur !
A l'heure où les droits des femmes reculent aux quatre coins de la planète, y compris au sein de notre espace européen (notamment autour de l'IVG), il apparaît plus que nécessaire de mobiliser toutes nos ressources pour sensibiliser, clarifier et transmettre une information claire et pédagogique afin que nos enfants puissent continuer à vivre dans le respect des droits de chacun.
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